Préface des Éditions de Londres

« Rouletabille chez le tsar » est un roman policier écrit en 1912 par Gaston Leroux. C’est le troisième roman de la série des « Rouletabille » après le Mystère de la chambre jaune et le Parfum de la dame en noir.

Rouletabille est venu à Saint-Pétersbourg à la demande du tsar pour sauver le général Trebassof, le gouverneur de Moscou pendant la révolte des étudiants qui a été réprimée dans le sang. Le général a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et plusieurs attentats ont déjà été perpétrés contre lui.

Le tsar a fait appel à Rouletabille, car le dernier attentat est mystérieux. Une bombe a été placée près du lit du général alors que toutes les issues de la datcha étaient fermées et que la police veillait.

Évocation de la révolution russe de 1905

Rouletabille chez le tsar évoque la révolution de 1905 en Russie.

Gaston Leroux, journaliste, était envoyé spécial du Matin à Moscou de mars 1905 à mars 1906 alors que se déroulait les évènements que l’on a appelés la révolution de 1905.

Un recueil des articles qu’il a alors écrit a été publié à sa mort sous le titre L’agonie de la Russie blanche. On retrouve dans Rouletabille chez le tsar plusieurs anecdotes qui figuraient dans les articles de l’époque.

L’année 1905 est une année d’agitation en Russie. Le 9 janvier, le dimanche rouge, la police tire sur une délégation d’ouvriers venus porter une pétition au tsar. Les tirs font une centaine de morts. En février, le grand-duc Serge est assassiné par les socialistes révolutionnaires. En juin a lieu la mutinerie du cuirassé Potemkine.

Le tsar Nicolas II est indécis, il hésite entre la répression proposée par le général Trépov et la libéralisation du régime prônée par Serge Witte.

Le 27 novembre, Witte fait arrêter les dirigeants de l’Union paysanne et le 16 décembre, il fait arrêter les dirigeants du soviet ouvrier de Saint-Pétersbourg.

Le soviet de Moscou appelle alors à la révolution et les ouvriers manifestent dans la rue. Du 22 décembre 1905 au 1er janvier 1906, l’armée réprime durement les manifestants de Moscou, faisant plus d’un millier de morts.

C’est l’amiral Doubassof qui était alors le gouverneur de Moscou. Gaston Leroux l’avait rencontré ainsi que Mme Doubassof et il les a utilisés comme modèle pour le général Trébassof et sa femme dans Rouletabille chez le tsar,

L’intrigue

Le général Trébassof a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Le général vit avec sa femme et sa fille semblant former une famille unie.

La police du tsar ne parvient pas à empêcher l’accomplissement de plusieurs attentats auxquels le général échappe de justesse.

Plusieurs faits font penser au maître de la police, Koupriane, que Natacha, la fille du général, a partie liée avec les révolutionnaires, c’est pourquoi le tsar a fait appel à Rouletabille afin qu’il enquête chez le général.

Rouletabille est accueilli chez le général par sa femme, Matrena. Matrena aime sa belle-fille, Natacha, et au début, ne la croit pas coupable, jusqu’au moment où du poison est versé dans les verres du général et de sa femme alors que le général, sa femme, Natacha et Rouletabille étaient seuls en présence. Personne d’autre n’avait pu verser ce poison.

Rouletabille, lui reste persuadé que Natacha ne peut pas vouloir tuer son père, mais il ne sait pas comment expliquer la présence du poison.

Natacha est arrêtée et va être envoyée en Sibérie.

Rouletabille est découragé par son échec. Il se laisse arrêter par les révolutionnaires qui le condamnent à mort.

Mais au moment où il va être pendu, il a un déclic qui lui fait comprendre ce qui s’est passé. Il convainc les révolutionnaires qu’il va pouvoir sauver Natacha. Ceux-ci le laissent partir. Il se rend chez le tsar qui, convaincu par l’explication de Rouletabille, libère Natacha.

Résumé du livre

Rouletabille arrive chez le général Trébassof, le gouverneur de Moscou, dans sa datcha de Saint-Pétersbourg. Il est envoyé par le tsar pour protéger le général. Le tsar ainsi que Koupriane, le maître de la police, pensent qu’il y a une affaire de famille chez les Trébassof. Matrena Trebassof, la femme du général, pense au contraire que le danger vient des nihilistes dont le tribunal révolutionnaire a condamné à mort le général pour la répression qu’il a faite des émeutes étudiantes de Moscou.

Dès son arrivée, Rouletabille, fort d’un document signé par Koupriane lui donnant tous pouvoirs, chasse les policiers qui gardaient le général.

Matrena Trebassof raconte à Rouletabille les trois attentats auxquels a survécu le général. Les deux premiers eurent lieu à Moscou. Lors du premier, un étudiant lui a tiré dessus, lors du deuxième, une bombe a été placée dans sa voiture. Le troisième attentat est plus mystérieux, il a eu lieu dans la datcha à Saint-Pétersbourg, c’est une bombe qui a été placée dans le bouquet près du lit du général alors que la maison était complètement fermée. Même Natacha était absente ce soir-là.

Le soir, Rouletabille qui est dans le salon avec Matrena, entend des gémissements venant de la chambre du général et veut absolument que Matrena l’y conduise. Là, il constate que dans son sommeil alourdi par les narcotiques, le général est en train de murmurer les vers que sa fille a écrits avec son ami Boris après la « semaine rouge » dans lesquels revient « Elle est morte la jeunesse de Moscou ».

Quand ils vont redescendre, ils entendent du bruit au rez-de-chaussée. Ils découvrent que c’est Natacha qui s’est levée pour aller dans la grande salle. Matrena raconte alors à Rouletabille le mystère de la lame de parquet. Matrena a découvert qu’une lame de parquet qui se trouve sous le fauteuil où s’assied le général a commencé à être déclouée ménageant une cachette encore vide. Matrena n’avait rien dit, mais avait surveillé la lame. Trois jours plus tard, elle avait constaté que d’autres clous avaient été enlevés alors que personne n’était entré ni sorti de la maison. Matrena en arrive alors à soupçonner Natacha sans y croire vraiment.

Le lendemain, Rouletabille décide que le général doit aller se promener sans escorte en entraînant toutes les personnes de la maison qui voudront bien le suivre.

Le matin, Rouletabille caché dans le jardin a entendu Boris, l’un des attachés du général, exprimer son amour à Natacha qui repousse le mariage. Natacha parle ensuite avec Michel, l’autre attaché du général, elle lui dit que Boris n’a plus aucun espoir. Michel lui annonce qu’elle recevra le soir une lettre d’Annouchka à laquelle il faudra répondre tout de suite.

La promenade du général a lieu à cinq heures. Il est suivi par ses amis, par Matrena, Natacha, Boris, Michel et Rouletabille. Pendant la promenade, Natacha décide de retourner à la maison pour chercher son ombrelle. Au retour, Matrena se précipite dans la salle à manger pour vérifier si l’on a continué de déclouer la lame de parquet. Rien n’a bougé.

Plus tard, Rouletabille surprend Boris et Natacha en grande discussion. Il entend Boris répondre à Natacha : « Vous me demandez une chose effroyable !… »

Rouletabille a découvert un trou d’épingle permettant de forcer le verrou pour entrer dans la chambre du général. Un bout d’épingle est resté dans le trou. Il examine les épingles à chapeau de Natacha et de Matrena. L’une des épingles de Natacha a le bout cassé.

Toute la nuit, Rouletabille surveille la porte, car il a constaté qu’on avait fait un deuxième trou pour ouvrir le verrou. Au matin, il voit le verrou s’ouvrir et un bras passé par la porte entrouverte et vider une fiole dans le verre contenant le narcotique du général. L’homme peut s’échapper sans être reconnu.

Rouletabille vérifie toutes les issues de la maison. Toutes sont fermées. Alors Matrena soupçonne très fort Natacha d’avoir fait entrer l’homme.

Le lendemain, Rouletabille se rend auprès de Koupriane. Il lui explique que celui qui veut tuer le général vient de l’extérieur et qu’un des agents de Koupriane, Touman, est complice. Il lui indique son intention de s’en aller et que c’est maintenant à Koupriane d’arrêter celui qui veut tuer le général.

Ensuite, il cherche à rencontrer Natacha qu’il ne trouve pas. Le soir, il se rend à Krestowsky, le lieu de distractions de Saint-Pétersbourg, pour assister au récital d’Annouchka. C’est une chanteuse de grand talent dont le frère, révolutionnaire, a été exécuté lors des manifestations de Moscou. Elle a elle-même échappé à l’exécution au dernier moment par une grâce du tsar.

Dans la nuit, Rouletabille retourne à la datcha du général en se cachant. Il constate que Koupriane est bien là avec ses hommes pour intervenir. Il rentre dans la maison et attend dans le salon.

Un homme ouvre de l’extérieur le volet de la fenêtre du petit salon. Il frappe au carreau et Natacha vient lui ouvrir. Koupriane intervient et l’homme est tué en s’enfuyant. Koupriane annonce que c’est Michel, l’attaché du général. Natacha affirme qu’il est impossible que Michel ait voulu empoisonner le général, mais elle refuse de dire pourquoi elle lui a ouvert la fenêtre.

Quand dans la matinée, Rouletabille veut se rendre à la villa, la porte lui est condamnée. Il va rencontrer Koupriane et lui dit qu’il faut absolument qu’il voit Natacha pour pouvoir sauver le général.

Trois jours plus tard, Rouletabille est enfin invité à se rendre chez le général. Quand il essaye de parler à Natacha, la seule réponse est qu’il doit s’en aller sinon les « autres » vont le tuer. Quand le général et sa femme prennent un verre de vodka, ils ressentent d’horribles douleurs, la vodka était empoisonnée. Heureusement, Matrena se précipite et revient avec de l’ipéca pour leur faire vomir le poison. Rouletabille fait analyser le poison, c’est encore de l’arséniate de soude comme la fois précédente. Alors Rouletabille se demande si c’était vraiment Michel qui avait versé le poison la fois précédente.

Koupriane a fait chercher les deux médecins du général. L’homme qu’il avait envoyé a prétendu ne pas les avoir trouvés chez eux et avoir demandé à deux autres médecins de venir. Mais Koupriane et Rouletabille qui revenait à la datcha rencontrent l’un des médecins du général qui dit avoir été chez lui et ne pas avoir été prévenu. Alors ils comprennent que les deux médecins qui vont venir sont les bombes vivantes que les révolutionnaires avaient annoncées.

Koupriane et Rouletabille reviennent à la datcha ou les deux pseudo-médecins sont en train d’attendre dans le salon. Ils cherchent sans succès des solutions pour faire échapper le général et ses amis. Les deux pseudo-médecins comprennent qu’ils sont découverts et se font sauter précipitamment. Le général et ses amis, Rouletabille et Koupriane s’en sortent avec de légères blessures.

Rouletabille qui est désespéré de ne pas avoir pu empêcher l’attentat se remet à la recherche de Natacha. Ils constatent des traces de lutte dans l’herbe avec la trace des bottines de Natacha qui s’arrêtent au bord de l’eau. Il en conclut que Natacha a été enlevée.

Koupriane affirme que c’est une mise en scène et que Natacha est sûrement coupable, car les analyses ont montré que le poison avait été mis dans les verres du général et de sa femme et seule Natacha pouvait l’avoir fait.

Koupriane sait que Natacha doit débarquer à un point précis de la côte et est venu l’attendre avec ses hommes. Ses hommes la capturent quand elle débarque.

Le lendemain, on notifie à Rouletabille qu’il est devenu indésirable en Russie et doit rentrer en France.

Alors qu’il fait une dernière promenade dans Saint-Pétersbourg, désespéré d’avoir échoué, il est enlevé par les révolutionnaires. Il est jugé par le tribunal révolutionnaire et condamné à mort.

Alors qu’il va être pendu, il apprend que Michel était un traître et que sa mort était justifiée. Il voulait épouser Natacha après avoir tué le général pour que sa fille hérite. Rouletabille qui se désespérait d’avoir causé la mort de Michel à tort reprend goût à la vie. Il comprend alors ce qui s’est passé lors de l’empoisonnement du général et convainc les révolutionnaires qu’il peut faire libérer Natacha. Ceux-ci le laissent partir.

Rouletabille se rend chez le tsar pour lui expliquer tous les faits qui se sont produits prouvant l’innocence de Natacha. Pour les connaître, il vaut mieux lire le livre ou au moins le chapitre XIX.

©Les Éditions de Londres